Quelle petite joie de recevoir ce vase immonde peinturluré et décoré de strass pour enlaidir ma cuisine ! Il est ignoble, mais il vaut de l'or car il est Aurélien's made.
Et c'est au moment où il faut fêter les mères que je reviens avec amertume sur la mienne, dont je ne me souviens pas de lui avoir dit petite comme mon fils l'a fait avec moi encore hier : un "je t'aime maman" qui fait suite à un élan d'affection que j'aurai éprouvé sans pouvoir faire différemment que de l'exprimer.
Chez moi je n'ai jamais entendu aucun de mes parents se dire ou me dire "je t'aime".. Ou je ne m'en souviens pas..Le blanc, le vide, pas de mémoires claires d'affection, avais-je des bisous le soir? Oui, rapides, mais pas d'histoires, pas de jeux, rien de rien, je ne me souviens de rien.
Ou plutôt si, de mon père qui insistait pour m'embrasser sur la bouche quand il rentrait le soir alors que j'avais déjà 6 ans..et que cela me dégoûtait.
Bref, rien de vraiment marquant pour batir un lien indéfectible avec des parents. Seuls les Noel étaient sympas dans mes souvenirs, parce que je croyais bien que c'était le Père Noel qui sonnait à la porte. Et les grandes vacances à la mer, car nous étions nombreux et que je ne me sentais plus seule. Je me souviens de mon frère bébé que j'essayais de laisser tomber par terre tellement je pensais qu'il avait pris toute ma place. Mais laquelle?
C'est pour cela que je filme tout : les histoires de pirates avec son papa, les premières neiges, les anniversaires, les chansons de l'école et tout ce que je peux.
Parce que là sera son histoire si sa mémoire lui faisait défaut plus tard. Et s'il oubliait cette vie que nous avons ensemble en ce moment, faite de joies en famille.
Toute une vie on traîne cette absence de lien si il n'a pas été assez construit.
Mon fils sent que je l'aime car je fais attention de bien le lui montrer, de fixer cela en lui. D'établir cette identité forte de celui qui sait d'où il vient pour savoir où il ira. De lui donner la confiance en soi et l'amour qui m'ont manqués. C'est pour cela qu'il m'est difficile toujours d'aborder la fête des mères comme une célébration. De quoi ?
Avoir été supportée ne donne pas l'impression d'avoir été aimée. Ce ne sont pas les mêmes ressorts qui en sortent. Etais-je aimable? That's always the question qui traîne.
A qui la faute?
Car sait-on jamais ce qu'un enfant retient de son enfance ?
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